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Avigdor Arikha, 28 April 1929 - 29 April 2010

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Today it is exactly 10 years since my father Avigdor Arikha died. He would have turned 91 yesterday. We always go to his grave at Cimetière Montparnasse on April 29th. This year we can't, because of lockdown. Here he is in July 2008 - we were on our way to see a Hokusai exhibition. It is so very much his smile. Ten years, but he never really left. Not just because the work is still here and ever beautiful, but because his energy was such that it simply won't go away. Sometimes I miss him - especially our conversations, because he was a central interlocutor for me - but most of the time I don't because I still feel his unquestioning, unquestionable presence.

This is the text I wrote for his memorial at the Fondation Singer Polignac in 2011:

ABA

tu parlais de vérité dans un monde plein de faussetés,
d’émotion dans un monde de sentiments,
de raison dans un monde plein de passions,
de passion dans un monde trop cérébral

tu étais impulsif, immédiat, colérique
ta colère faisait trembler mais elle était passion, joie, urgence
tu étais curieux et enthousiaste, borné et désapprovateur,
ta sincérité était infantile, et surprenait les adultes calculateurs

tu aimais citer Mirò, « les grands artistes sont des petits enfants »
tu vénérais l’enfance mais tu n’avais pas la patience d’un adulte
pour supporter longtemps les vrais petits enfants
qui ne savent pas déjà tout, qui aiment jouer plus qu’apprendre

toi qui avais trop su trop tôt, qui avais lu le Tao à 10 ans, qui connaissais tant de dates
qu’elles s’affalaient en vrac, inutiles autour de tes pinceaux,
toi qui voulais la pureté avant tout
même si tu avais été victime de ceux qui tuaient en son nom

toi qui tenais tant à ne vivre que selon tes principes,
qui avais peur pour nous tes filles
qui voulais tant nous protéger du monde indifférent

tu nous as aimé comme il est rare d’aimer,
tu ne pouvais vivre qu’en donnant ton âme et tu nous l’as donnée
exemple extrême, rare, impossible, mais possible pourtant

tu nous as inculqué l’amour du bon et du beau
du précis et du profond, du voir et sentir juste à la lumière du nord,
de la mélancolie tranquille et de la voix intérieure

dans un monde qui s’oublie sans cesse, dont tu détestais les bruits et reflets,
tout en aimant ses sciences et ses savoirs,
et ta peinture et ton regard l’illuminent, tes yeux pleins d’amour nous illuminent

ils vivent encore dans le visage de ton dernier petit-fils
celui que tu n’as pas vu
mais qui te reconnaîtra toujours

car ce que tu as transmis reste en nous, et vibre encore

Noga Arikha